La première cérémonie que nous avons effectué au Parédé et la plus « spirituelle » est celle de « L’Activation de la Colombe de la Paix ».
Par le truchement du « hasard », fin avril 2016, me voilà en train de feuilleter un des livres de Yann Lipnick, lors d’un de mes passages à Paris, entre l’achat du Parédé et ma première session de travaux. Je tombe sur un chapitre appelé « Activation de la Colombe de la Paix ». Bien que je sois plutôt sceptique et hermétique au travail de Yann Lipnick, quelque chose retient mon attention. D’autant que je m’interroge plutôt intensément sur comment offrir une « protection » au nord du domaine, imprégné que je suis par mes croyances Feng Shui. Oui. Et si je profitais de cette activation pour imprégner cette énergie au lieu et désigner un « Arbre Nord », un protecteur, une vigie sur notre domaine. Qui mieux que la paix peut protéger ! ?
Je sais, vous me direz qu’il faut plutôt un tigre aux dents de sabre ou, au minimum, une carapace de tortue pour ne pas subir les coups, que la paix, ici, ne peut pas être d’un grand secours ! Je vous expliquerai en quoi c’est, pour moi, justement l’inverse ! En plus, il se trouve que le Parédé, dans son premier royaume, a la forme d’une colombe de côté et que les oiseaux, si vous avez bien lu nos autres articles, sont, pour nous, des messagers primordiaux. D’autant que durant cette même période, je dévorais les essais des défenseurs kémites (qui défendent le point de vue d’une origine africaine de la culture égyptienne, donc biblique, grecque…) et que notre colombe se retrouvait en grande partie dans l’oiseau Bénou qui représente chez les égyptiens l’âme, assimilable à l’oiseau Sankofa, pères de notre Phénix grec, soit l’un des plus beaux symboles-concepts portant toujours en lui, une immense force informationnelle. Qui mieux que ce regroupement pour marquer la naissance de notre association ? Profitant d’une fête chrétienne (vous ai-je dit que l’activation de la Colombe de la Paix ne pouvait avoir lieu que le lundi de pentecôte ?) pour y ramener ses symboles éparses comme les pièces d’un puzzle démembré trop de fois, formant dans l’acte lui-même de cette célébration un pacte puissant de guérison, de propos, d’axe et de foi.
J’ai donc gravé un oiseau Sankofa assis sur l’oeuf du monde et l’ai incrusté au coeur de l’Arbre Nord. Avec l’appui du groupe du Centième Singe, sur facebook, nous avons fait cette première activation, le lundi 16 mai 2016.
Assis en tailleur sur la Porte des Dragons (la table de marbre brut, haut lieu de magie et d’initiations) avec ma tablette pas loin pour accompagner ceux qui voulaient partager cette activation en ligne, nous avons ouvert notre espace à la Paix et laissé descendre cette énergie blanche au coeur de nous et du domaine, finissant la cérémonie par la mise en place de l’Oiseau Sankofa au coeur de l’Arbre Nord. Arbre auquel nous avons fait des offrandes pendant un mois, quotidiennement, pour imprégner notre intention, notre volonté, notre pacte au coeur de la matière.
L’année suivante, en 2017, nous avons refait cette activation. Sûrement, parce qu’alors avec ceux vivant sur le lieu, nous voulions à nouveau marquer cette volonté et nous appuyer sur le rituel pour l’ancrer encore plus profondément. Avec Claire et Gaël, nous avons renoués avec cette énergie lui réaccordant notre engagement, notre foi.
2018… Les travaux, les passages plus nombreux, l’absence de Gaël, de Lina, mon travail sur Paris, tellement d’éléments ont fait que notre attention aux protocoles et détails dans la structure de l’invisible et du spirituel qui entourent notre projet, nos vies, ont eu beaucoup à souffrir.
Mais voilà qu’avant hier, alors que je suis à Paris pour le travail, un pigeon vole face à moi, dans une ruelle, avec un rameau dans son bec ! Oui, vous avez bien lu, un pigeon avec un rameau !? Je n’en avais jamais vu de ma vie et encore moins dans une rue parisienne, du centre ville. Les pigeons y dorment le plus souvent sur les rebords de fenêtres ou les avant toits… Evidemment, je me suis rappelé immédiatement la colombe de la paix et notre initiation qui, sans ce signe, aurait été oubliée. Pour moi le signe indiquait qu’il était important de rappeler à nouveau cet engagement, de le réinscrire encore une fois et d’y associer ceux qui vivent avec nous aujourd’hui ou autour de nous, du Parédé.
Claire du coup dirigera tout à l’heure, à midi, cette cérémonie, ce rituel, rappelés à l’ordre par ce pigeon parisien. Que ceux qui se sentent appelés, touchés, atteints se joignent à nous, pour cette demie-heure annuelle qui ne peut avoir lieu que le lundi de la Pentecôte. Cette année, le 21. Aujourd’hui.
Je vais, du coup, profiter de cet espace et de cet évènement pour tenter d’apporter quelques éclaircissements sur ce que représente ce moment pour nous, au Parédé.
La colombe de la paix, l’oiseau Sankofa, l’oiseau Bénou sont des messagers entre les royaumes de la pensée et la condensation de nos croyances, la matière. Ils nous écoutent, nous regardent sans pour autant se mêler à nos besognes terre à terre et, dans un même temps, nous offrent la voix qui annonce l’émergence de nouvelles idées, pistes, créations. Leurs chants sont des lumières qui éclairent même la nuit, le souffle d’inspirations qui éloigne les limites. L’insaisissabilité de leur état les rend presque aussi tangibles que des rêves et, du coup, tendent à nous élever. Ici, j’insiste, même ceux qui sont hermétiques à ce qui n’est pas matérialiste devraient entendre qu’au niveau du concept, l’oiseau est un atout indéniable pour agrandir l’espace de pensée, donc de vie.
La colombe est blanche. Blanche est la paix. Blanche comme la somme de toutes les longueurs d’onde qui sorties de la séparation arbitraire s’assemblent pour n’être plus que lumière. Blanche comme la page où les dessins, les lettres, les mots, les phrases, les histoires ont la place de s’écrire, instant après instant. Blanche comme l’âme insaisissable, lumineuse, tellement ardente qu’aucune tâche ne peut plus se différencier du fond, affirmer sa singularité, effacée par la cohérence totale de la trame. Comme la neige, la blanche neige qui rend le petit grand, le grand petit, l’amour haine, la haine amour, le froid chaud, le chaud froid, nous révélant que ce que nous croyons n’est que l’apanage de l’éphémère. Blanche comme la lumière. Tout le reste passe, vieillit, meurt, revient, renait, meurt à nouveau.
Bien sûr, l’oiseau craint la mort. Mais l’oiseau est immortel. Cet être d’entre les mondes, par sa dimension inatteignable, ne peut disparaître en tant que signe, en tant que symbole. Il en est une expression de sa perfection. L’aile, la plume, le vol, le regard…
Avec elle, quand nous communions, nous acceptons d’être aveuglés par cette lumière, de nous réveiller aveugles ! Pas parce que nous étions voyants avant, non ! Justement parce que la lumière met en lumière que nous n’avons jamais pu voir. Nous obligeant à accepter comme un immense cadeau que nous ne le pourrons jamais, voir. Rien n’existera jamais d’autre que nos dessins, nos rêves, nos mots… nos croyances !
En cet instant, nous avons la chance de retrouver un éclair de lucidité, de luxe, de lux de lumière. Qui nous rappelle que nous ne sommes rien, ni personne. Juste des signes inscrits de façon transitoire et l’énergie émotionnelle qu’il faut pour les faire vibrer. Des signes qui ont toute la place de jouer à être d’autres signes.
D’un coup d’aile, d’un revers de paix, tout disparaît. Ne reste que quelques pointillés, que l’information. Si nous avons la force de pouvoir suspendre l’instant et de rester dans le présent, alors nous nous rendons compte que nous pouvons relier les points comme nous le souhaitons ! Changeons les dessins ! Créons ! Offrons l’imaginaire surfant sur des flots d’émotions ! Toutes ! A cette déesse. Qu’elle puisse tisser dans le Champs, seuls vestiges de nos innombrables passages, des informations incroyables, nouvelles, folles, sottes, immenses, neuves. Osons nous libérer. Bain de jouvence. Bain éclatant. Bûlés ! Flashés ! Désintégrés de lumière. Acceptant tout ce qui se présente en se rappelant que la somme ne pourra jamais faire autre chose que un ! La colère est la paix, l’amour est la paix, la haine est la paix, la joie est la paix, les larmes sont la paix, les rires sont la paix. Partout, elle est. Elle ne peut pas ne pas être. Elle est ce qui est. L’instant. Le présent. Le point avant le point, le geste qui informe le point avant le point, l’idée du geste qui informe le point avant le point, le point à l’origine de l’idée du geste qui informe le point avant le point. Et la boucle est bouclée. En boucle. Le reste n’est que conjonctions, jeux de rôles, figures de style.
Elle est capable de brûler les cahiers de lois, de règles, de dogmes, de principes, de croyances de tout un monde figé, en un instant.
Rien ne peut résister à la paix. Même la guerre ! Même la mort ! Alors lâchons prise ! Ne cherchons pas à mettre de nous dans cette cérémonie, écoutons ! Acceptons d’être rien. Un espace blanc offert.
Ecoutons le son de la lumière nous percer les tympans et le coeur jusqu’à nous carboniser. Jusqu’à devenir cendres : « mordus par le feu », sans couleur, sans forme. Lachant nos vieilles croyances et acceptant, juste le temps d’un souffle, cette inspiration de paix, sans rien chercher d’autre qu’à toucher ça, la respirer, la vivre… la paix.
Elle est là. Toujours. Entre l’inspiration et l’expiration. Entre le haut et le bas. Entre un pied et l’autre. Jamais à l’arrêt. Jamais saisissable. Comme un oiseau.
Vous connaissez un meilleur protecteur ? 😉