Un jour, Henri, Henri le magicien, en me rendant la charte qu’on lui avait confiée en relecture, m’a dit : « Avec ce qu’il y a d’écrit ici, il faut une cosmogonie, une mythologie, des légendes ! Tout en est emprunt. On veut donc savoir clairement de quoi il en retourne ! »
Oui, c’est vrai. C’est vrai et en même temps c’est intime. C’est vrai et en même temps c’est le fruit de plusieurs dizaines d’années de travail très cartésien et qui, ici, dans ce monde d’enfants menteurs, n’est qu’imperceptiblement audible.
Mais, pour le lieu, pour les générations futures ou pour ceux qui sont sur cette même route ou encore les amateurs de contes même s’ils se refusent à en reconnaître la dimension de premier degré qu’ils renferment, je vais me lancer.
J’écrirai, autant que l’énergie et le temps me le permettent, l’histoire invisible mais principale du Parédé. Ses créatures magiques, ses aventures ésotériques, ses souffles invisibles.
Mais reprenons au début…
J’ai rencontré Claire en septembre 2012. A l’époque, après une rupture, enfin non, soyons juste, après LA rupture… rupture qui agrémenté de quelques années de méditation quotidienne, m’avait fait touché l’espace d’un instant le grand Tout. En un éclair, moi qui était allongé sur ce hamac qui me servait de couche depuis plus de quinze jours, je me suis retrouvé Tout. Instantanément. Totalement.
Cette expérience n’est pas dicible. J’ai tenté mille fois de la partager, mais cela se révèle impossible. Comme de vivre qu’une réalité n’existe pas et que mille coexistent. On peut le penser, on peut s’amuser à spéculer, mais le vivre… Le vivre, c’est totalement différent. Et les mots alors, même s’ils sont toujours là, en reviennent à leur plus simple expression. Le reste se passe en images, vibrations, éclairs de génie, odeurs, saveurs, etc. C’est une expérience totale. Comme seul l’amour physique peut faire approcher ou le rêve.
Enfin bref, ce qui nous importe ici, c’est le Parédé et si je dévie ainsi, il nous faudra mille pages pour, finalement, y revenir… J’ai donc rencontré Claire en septembre 2012. A l’époque, donc, après LA rupture, je finissais mes affaires humaines pour me retirer dans un monastère Zen de la province de Fukushima, au Japon.
Ces « affaires humaines » m’avaient emmené au Théâtre de l’Ogresse tenu par un être incroyable, un Djin que j’avais retrouvé quelques vingt ans auparavant. Pour finir en beauté, faire un adieu digne de ce que je quittais, j’avais, avec ses soins, organisé une soirée dans son théâtre. On y dirait « Kuyô » et on mangerait une dernière fois ensemble avant ce grand départ.
Claire s’est trouvée là, pas par hasard, mais pas par mon fait. Elle m’a reconnu, rattrapé par la main à la dernière seconde. Elle était elle-même dans un moment de clairvoyance proche du mien. L’avion est, du coup, parti sans moi et je me suis retrouvé à Noisy-le-Sec, lieu de vie de Claire avec deux princesses à élever, moi qui avait promis qu’on ne m’y reprendrait plus. Claire avait besoin d’un homme qui puisse dire : « toujours », qui puisse dire « si tu me le demandes, je suis à toi », « tu feras ce que tu veux de moi tant que tu as besoin que je sois là et quand tu le demanderas, je disparaîtrai». Elle aurait pu prendre peur, mais, au contraire, elle avait exactement besoin de ça. Moi qui avait quitté mon prénom de naissance pour enfin offrir un nom au monde, je reprenais mon ancienne peau et mon prénom de père. Je re signais pour un tour.
Tout de suite, je lui ai dit : « nous ne vivrons pas ici, tu sais ». A l’époque j’étais encore dans un contact permanent avec l’autre côté. J’avais des heures, des mois, des années d’avance sur ce que nous vivions. J’étais Alexandre ici et surtout Mathieu, là-bas, qui regardait et entendait tout cela et bien plus. J’ai donc sorti une carte de France et je lui ai dit : « c’est en passant Toulouse que j’ai senti l’ouverture se faire. La terre ici est moins blessée. Moins fermée. Mais ça pourrait être entre Pau à Limoges… demandons au pendule, veux-tu ? » Elle voulut et le pendule alors, nous montra exactement le Parédé. « C’est ici, entre Barbazan et Lourdes, juste là où les eaux se rejoignent ! »
Puis, il y a eu Galiléo. La vie, le boulot, les tracas, les affaires, ce qu’on accumule et qui pollue l’espace de la communication -vous ne pouvez pas imaginer combien même une photo de vous peut pomper comme énergie… nous nous offrons tellement de freins !- Et puis je suis redevenu Alexandre un peu plus, toujours plus, totalement plus. J’étais, au sens de la densité matérielle, de retour. Certes différent et, surtout dans mes recherches, obnubilé par la compréhension de ce que j’avais touché et vécu. Mais l’homme, celui qui croit cela réel et son armure étaient de retour. Moins épaisse l’armure, sachant qu’elle n’était qu’un attribut de cet avatar, mais quand même.
Galiléo a toussé. Pendant trois ans, il a toussé. Dès que nous revenions de vacances, ce gaillard, à la nuit tombée, se mettait à tousser. Nous partions de Noisy le Sec et une semaine après, dans un cadre naturel, la toux disparaissait. Je pense que c’est là que Claire a commencé à prendre ce départ vraiment au sérieux.
Elle a commencé à faire des plans. « Il faut la source, le verger, la maison comme ci, les arbres comme ça, les maisons pour recevoir les amis, etc. »
Elle cherchait activement et moi, je me trouvais de mieux en mieux à Noisy. Pourquoi ne pas créer ici ce monde merveilleux que l’on voulait là-bas ? Alors je créais des réseaux sur place, j’enracinais notre foyer. Et là, sur mon fil d’actualité Facebook, je vois cette maison, celle de laquelle je vous écris aujourd’hui. Perso, quitte à partir, je voulais que ce soit sauvage, inaccessible et aussi un château et des dépendances énormes pour faire un théâtre… mais quelque chose me tape dans l’oeil ; La glycine en fleurs, peut-être. J’appelle Claire, je lui montre. Elle me pousse, s’assied à ma place, déroule l’annonce. Il y a la source, le verger, des maisons, on est en montagne (donc l’eau n’est pas contaminée comme dans les vallées par l’agriculture)… « Ça colle ! » dit-elle.
Nous voilà donc partis, profitant que le Parédé était un gîte, pour venir y passer un week-end. Je ne suis pas convaincu. C’est petit. Cher. Beaucoup de travaux à prévoir. Elle ne voit que ce qui est positif ! C’est beau. L’eau est incroyable. Bagnères de Bigorre est une ville où il y a tout, des écoles, une école Steiner pour Galiléo, un cinéma, des commerces et ce n’est qu’à 4 kilomètres 500 d’ici.
Le soir, je m’installe en méditation, et plouf, je plonge. Directement. Emmené. Il y a beaucoup de tristesse, des oies, du sang, beaucoup de sang, des rivières de sang (ça a été une ferme qui faisait du foie gras, je l’apprends le lendemain), une kerterre rouge (j’imagine que ça c’est à nous de la faire sortir de terre pour la mémoire de ces morts), une présence forte de la nature, un menhir… le lieu nous demande. Il a besoin de nous… Je le dis, entre mes dents, à Claire que je trouve déjà trop enthousiaste. Je voudrais visiter d’autres lieux. Prendre le temps. Aïe, un aigle nous survole pendant le second jour de visite. L’aigle est l’oiseau totem de Claire. La voilà encore plus survoltée. Nous allons à Bagnères, beau soleil, marché incroyablement chaleureux… fais chier !
Dernier matin, il neige. Les enfants jouent dans la neige et nous reprenons le chemin de la gare. Sur la route, juste en bas, un héron cendré posé devant nous. I l est sur la route. Juste au milieu. Nous nous arrêtons juste devant lui. Claire m’attrape le bras : « C’est ton oiseau Alex !!!! » Oui, c’est vrai, le héron, c’est mon oiseau. Lina qui voit d’autres plans m’a, depuis le début, dit qu’elle me voit dans l’invisible mi-homme mi-héron. Va comprendre Charles !
Du coup, une fois de retour, impossible de calmer les ardeurs de Claire. D’autant que les tests fait sur les échantillons d’eau qu’on a ramené (ai-je déjà dit que Claire dans une de ses vies de cette dernière vie a été ingénieure environnementale, spécialiste de l’eau ? Un métier qu’elle a voulu faire pour soigner la terre !) se sont révélés au delà de toute espérance. Rien, pas de nitrate, mais pas même 0,0000001, pas de pesticides, rien ! Juste un peu de calcaire. Là, je peux vous dire que mon barrage ne pouvait plus rien retenir et pourtant quand je fais barrage, c’est du sérieux. Mais j’aurais mieux fait de piss.. parler dans un violon ! C’était fait. Un peu de marchandage, histoire de dire, et hop, une semaine plus tard, l’accord était donné !?
Ça, c’était au mois de décembre 2015 et en avril 2016, c’était chez nous. J’y suis arrivé seul pour attaquer les travaux monumentaux que Claire avait imaginés. Gaël était déjà de l’aventure et Kevin, n’était pas loin. On était devenus « amis » sur Facebook, par nos intérêts communs et il a tout de suite proposé de venir me filer la main pour les travaux.
Dans cette petite période, entre début janvier et fin mars, où je ne faisais pas la gueule, mais presque, Claire a eu la ressouvenance du numéro de pendule, cinq ans plus tôt. Elle est venue vers moi, les yeux humides et son sourire irrésistible, le coeur ouvert et elle m’a dit : « mais regarde mon amour, c’est toi qui avais trouvé le lieu. Regarde sur la carte, c’est exactement le point indiqué par le pendule, il y a cinq ans… » Putain, c’était vrai et ça m’énervait encore plus. Peut-être parce que dans l’instant de passer à l’acte, je n’avais pas pris la place qui m’était offerte.
La première cérémonie qu’on ait fait ici, c’est l’activation de la Colombe de la Paix, appuyée sur le rituel de Yann Lipnick. Nous l’avons partagé en ligne sur la page du Centième Singe. J’ai sculpté un mixe entre un [itg-tooltip tooltip-content= »<p>L’Oiseau Bénou, dans la mythologie égyptienne, est l’oiseau représentant l’âme – le bâ– de Rê qui le précède dans la barque solaire. Le livre des morts dit : « Je suis l’Oiseau Bénou, l’Âme/cœur de Rê, le Guide des Dieux vers la Douât ». Il était associé à la crue du Nil, à la résurrection et au Soleil. On l’associe également à la planète Vénus, celle qui fait traverser l’oiseau Bénou. Du fait de sa relation à la création et au renouveau, il était relié au calendrier.</p> »]oiseau benou[/itg-tooltip] (bnw) et un [itg-tooltip tooltip-content= »<p>L’oiseau sankofa ou l’oie au plumage Arc en Ciel représente la dimension initiatique qui va chercher dans l’ancien la source du renouveau. Il rappelle par sa position la spirale de la création. Le Sankofa représente chez les Akan la même chose que l’Ouroboros des anciens Kémites. Il est peut-être à l’origine du Bénou des Egyptiens et donc du Phénix chez les grecs.</p> »]oiseau sankofa[/itg-tooltip] qui ramène l’oeuf primordial au centre, au pied de l’Arbre nord – oui, dans ce moment, la culture kémite ou kamite (en fait kmt) était au centre de mes recherches. L’Egypte noire, l’Ethiopie, les Dogons, les Kongos… cette empreinte est donc la première posée ici, après mon arrivée-, puis après cette méditation-activation, nous y avons fait des offrandes régulières pendant une longue période, assurées par Gaël et moi. Le premier acte a donc été de dédier ce lieu à la paix et au métissage, aux cultures ésotériques et spirituelles des peuples premiers d’avant la chrétienté et qui étaient inclusives. Cela, plus la dimension alchimique… En plein dans la rencontre avec Burensteinas et ici, juste sous nos yeux, la toile alchimique laissée dans notre demeure « Isabelle » et là depuis les années 70, sur toutes les portes, sans que les propriétaires ne sachent la signification ésotérique de cette oeuvre : [itg-mediatip mediatip-type= »webimage » mediatip-content= »https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/58/Unknown_weaver_-_A_Mon_Seul_D%C3%A9sir_-_WGA24179.jpg » mediatip-caption= »La dame à la licorne – XVIe siècle »]« La Dame à la licorne »[/itg-mediatip].
Pour info, chaque année, nous renouvelons cette cérémonie qui ne peut avoir lieu qu’une fois par an, le lundi de pentecôte. Même si depuis, mais c’est une autre histoire l’Arbre Nord a décidé de partir en donnant naissance à un nouvel arbre.
Mais qu’allions-nous faire au Parédé ? Ok, c’était donc un lieu dédié à la paix. Ok, nous étions connectés avec les savoirs ancestraux. Ok, notre recherche sur l’énergie libre viendrait prendre sa source dans l’Alchimie. Ok, il fallait nettoyer le sang. Mais ça restait quand même la question. Question à laquelle nous avons tenté de répondre plusieurs fois jusqu’à ce que nous nous rendions à l’évidence et que nous découvrions, dans nos échanges, que seul le lieu pourrait, au fur et à mesure, nous le révéler. Car lui le savait déjà, pour sûr !