Ca y est. La « grande salle » est finie. Après un an et demi de travaux, -et oui, les travaux se sont étalés… Excaver, refaire des ouvertures pour la lumière, refaire une dalle, refaire l’électricité, refaire le plafond, installer des toilettes, un système de chauffage, plâtrer, enduire, peindre, tailler la pierre de fondation…- Kevin et Enkidou ont fini de poser le plancher.
Bien sûr, il reste encore des finitions à faire, peut-être des bancs à intégrer, les luminaires à poser, mais ça y est, elle est là. La grande dame, la plus grande, capable de nous accueillir en son ventre pour nos cercles de parole, nos rendez-vous, nos activités taiji, yoga, nos soirées documentaires et cinéma, nos conférences, nos repas communs… Et le théâtre.
Oui, vous avez bien lu. Moi qui croyais être désormais loin de lui, voilà que le premier rendez-vous de la grande salle était en son nom. Incroyable, non ?!
Kevin avait à peine fini la troisième couche d’huile de lin que voilà notre ami Marc qui appelle. « Je passe pas loin de chez vous. Ça serait sympa qu’on se fasse un week-end ensemble. Et puis, tu sais, je voudrais te parler de cette envie de solo. Un clown… Deleuze… Tu vois ?! »
Bien sûr que je voyais. Marc me parle de ce projet depuis plusieurs années. Mais Marc, comme moi, a quitté les planches voilà un moment. Et il bosse. Et son corps de circassien est brisé. En plusieurs morceaux. Alors, on en parle. Mais finalement, on ne fait qu’en parler.
Et voilà que, au moment où Kevin et Enkidou finissent la salle, tout d’un coup, la parole veut prendre corps ?
Effectivement, quand Marc arrive, il a le texte en main et un nez. Un nez rouge que lui a prêté un copain clown. « Il est un peu gros, non ? » Oui, Marc, il est un peu gros. Mais je reste muet de voir tout ça se mettre en place, juste là, maintenant.
Et on a bossé. On a fait venir les Parédéens pour voir s’ils rigolaient autant que nous. Et oui, ils ont rigolé. La grande salle emplie de rires ?! Marc sur scène comme à la grande époque, son corps brisé semble être resté dans les coulisses, sur un portant, il retrouve toute sa dextérité -incroyable précision du geste et de l’imaginaire qui s’écrit au présent et semble s’inscrire en lui de façon indélébile. Il est comme ça Marc- et les mots de Deleuze qu’on croirait inaudibles sont répétés par les Parédéens comme si on parlait de pluie et de beau temps.
– On devrait peut-être s’y remettre sérieusement Marc
– Tu crois ?
– Ben le pari est un peu dingue, mais oui… Je crois
Redevenu metteur en scène l’espace d’un après-midi, avec l’acuité et la fièvre. Comme si ça n’avait jamais arrêté. Si ce n’est la fatigue venue un peu plus tôt.
Voilà le premier cadeau de la Grande Salle à son premier passant. Qui sera le prochain et que lui offrira-t-elle ? Cela reste à écrire. Mais c’est de bon présage ! Merci Madeleine !
C beau la salle😎😎